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  • Photo du rédacteurH.L Noctis

Effondrement

I

Jeudi 17 décembre 2030, 15h00. Il est seul, debout, place Kléber à fumer sa cigarette malgré la température. Il observe le mouvement des gens et de la vie dans cette belle ville de Strasbourg en attendant l’heure de son rendez-vous. Il profite de ce moment pour ressentir le vent qui caresse son visage, il adore ça, comme lorsqu’il était enfant et qu’il ouvrait la fenêtre en s’imaginant en train de voler dans les nuages. Soudain, plus rien… Tous les humains du monde viennent de s’effondrer simultanément, tous, sauf lui…



II

Pétrifié par la situation, incapable de penser par lui-même, il regarde la vie s’éteindre devant lui dans un fracas explosif. Une scène chaotique se révèle à ses yeux, une vision d’horreur qu’aucun humain ne devrait apercevoir dans sa vie. Devant lui, des véhicules encore en mouvement, qui écrasent des corps étendus et sans vie, et qui répandent les membres de ce qui était encore il y a quelques instants des hommes, sur le trottoir déjà rouge de sang. Puis, alors que la dernière camionnette s’écrase contre la devanture d’un café, un moment bien plus effroyable encore se présente à lui. Le silence… Un silence morbide, effrayant, inhumain… Le monde vient de s’arrêter. Tout est mort. Les hommes, les femmes, les enfants, mais également la faune et la flore. La planète toute entière est en train de mourir en même temps que les milliards d’âmes qui viennent de la quitter.



III

Sa vision se trouble, car il pleure. Steeve est perdu, son cœur bat très fort et sa respiration ne cesse de s’accélérer, ce qui l’empêche de respirer normalement. Il s’étouffe, son cœur commence à serrer si fort qu’un point très douloureux l’oblige à s’agenouiller avant de s’effondrer à son tour.

IV

Soleil, 149 597 870, 7 km de la Terre

Comme l’avait imaginé les scientifiques, le soleil vient de s’éteindre. Mais son activité ne s’est pas arrêtée à l’instar d’une pile déchargé, sa fusion était tellement intense, qu’avant d’exploser, le soleil a expulsé des jets de matière ionisées si puissants que l’atmosphère terrestre a été déchirée. La charge ionique était tellement élevée que toute forme de vie a été anéantie en quelques millièmes de secondes. C’est la fin du monde, la fin des temps, la fin de tout… L’univers entier s’effondre et plus rien n’existera jamais…



V

Il ouvre les yeux lentement, et se rend compte qu’une femme lui tient la main. - Mais, que s’est-il passé ? demande-t-il encore abasourdi. - Monsieur, vous êtes tombé dans les vapes, vous vous sentez bien ? demande Alexandra. - Quoi ? Mais tout le monde était mort, la lumière du soleil se réduisait jusqu’à s’éteindre, il n’y avait plus rien ! Mais où suis-je ! - Vous êtes à Strasbourg Monsieur, est-ce que vous voulez l’aide des pompiers ? - Non ! Mais je ne suis pas fou ! En penchant sa tête vers le sol, attiré par la lumière du smartphone de sa bienfaitrice qui l’avait posé sur le trottoir pour aider Steeve, il constate avec effroi une information qui ne devrait pas exister. - 17 décembre 2022 ? C’est impossible… Tout en se levant doucement, et en posant son regard vers le centre de la place Kléber, Steeve remarque une banderole « Bienvenue 2023 ! ». Tout s’effondre une deuxième fois dans sa tête… - Je vais prendre le relais, dit un homme assez grand à Alexandra qui, ne sachant plus quoi faire, décide de partir. - Qui êtes-vous ? demande Steeve anéanti par ce qu’il est en train de vivre. - La question la plus importante n’est pas de savoir qui je suis, mais ce que tu vas faire de l’information que tu possèdes désormais. - Je ne comprends pas, dit Steeve tout en s’asseyant sur le trottoir. - Il te reste 18 ans pour informer ce monde de son avenir. Dans 18 ans, tout s’effondrera, plus rien n’existera, ce sera la fin de tout. - Mais alors c’est vrai ! J’étais bien en 2030 ! Je ne suis pas fou ! - Tu n’es pas fou. Nous t’avons ramené en 2022 pour aider ton monde à survivre. - Mais, comment survivre à cela ? Comment vivre sans soleil ? - Les scientifiques possèdent déjà les réponses, mais tu dois les orienter et permettre au monde de se sauver de lui-même. - De lui-même ? - Ton monde ne donne pas grand crédit aux gens comme toi, par fierté ou par égo, il va rejeter de toute sa force ce que tu vas transmettre. Mais tu dois persévérer, tu dois… L’homme s’arrête net de parler tout en regardant derrière lui. - Mon Dieu… pas lui… Steeve regarde dans la même direction tout en comprenant que le grand homme tremble de tout son corps. Son cœur accélère encore au moment où ce nouveau personnage s’approche de lui lentement, avec un sourire de psychopathe qui dérange, qui fait peur. - Toi… tu es l’élu… Pitoyable… - Moi, je, pardon ? l’élu… mais... - Ton monde sera anéanti, tout comme toi. Rien n’arrêtera jamais ce qu’il va être déclenché dans les prochaines années et sais-tu pourquoi, insecte ? - Insecte ? je… non… - Car je suis l’un des quatre, et nous allons terminer cette monstruosité qu’est ce monde. - L’un des quatre ? Steeve est complètement sonné. - Famine ! Laisse le, tu ne dois pas intervenir dans ce monde ! hurle le grand homme. Famine, l’un des quatre Cavaliers de l’Apocalypse, se retourne vers Michaël. - Et toi, misérable engeance, qu’es-tu en train de faire avec cet insecte… Une tension à la fois mystérieuse, divine et démoniaque provoque une sensation de mal-être très intense. Famine utilise de nouveau son sourire insupportable, comme s’il venait de contrarier le ciel tout entier et que cela lui apporte un plaisir absolu. Son regard se dirige vers Steeve. - Alors bonne chance, misérable petite chose fragile. J’ai hâte de voir comment tu vas réveiller ce monde qui est déjà sous l’emprise de ma légion depuis sa création. Comme pour se venger, Famine touche l’épaule d’une passante tout en plongeant ses yeux dans celui de Michaël. Sonia, 12 ans, s’effondre instantanément et meurt de faim en quelques secondes. - Tu es un monstre, dit Michaël en serrant les poings. - Viens, essaies de me faire mal, sale faraud… Une lumière très intense oblige Steeve à fermer les yeux. En les ouvrant de nouveau, il se retrouve debout, place Kléber, une cigarette allumée à la main. - 18 ans… Il me reste 18 ans…



FIN


*Ce texte est une création originale de H.L Noctis protégé par droit d'auteur. Vous pouvez le partager à condition de citer la source et le site.

* L’image utilisée provient du site «wallhere », disponible ici : https://wallhere.com/fr/wallpaper/511482





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