Bureau du collectionneur. Planète Véga. Constellation de la lyre.
- C’est cela. C’est remarquable. Il admire avec intérêt la boite métallique noire qu’il vient d’observer grâce à un « vérificateur d’âme ». - D’où provient ce modèle ? demande-t-il au mercenaire. - De la Terre. Les humains sont faibles et les utiliser est très simple. Le collectionneur se retourne subitement, les yeux brillants. - Vous allez m’en ramener plus, bien plus. Pour chaque âme humaine, vous recevrez le double du prix habituel. Cette qualité est impressionnante. - Ce sera fait, monsieur, dit le mercenaire tout en tournant les talons pour quitter la pièce. Le vérificateur d’âme déplace l’âme humaine vers la machine de transfert. - Le transfert est en attente, monsieur, dit Ralf, son serviteur. - Laisse-moi savourer ce moment. Le collectionneur s’installe confortablement sur le siège de la machine de transfert et ferme les yeux. Ralf comprend que le moment est venu de déclencher le transfert. En quelques instant, l’âme humaine, qui autrefois était une femme de 27 ans, est fusionnée avec celle d’un être odieux et froid. Le résultat est incroyable. La vitalité de l’âme est imprégnée à celle du collectionneur. Elle le rend plus fort mais surtout l’éloigne chaque fois un peu plus de la mortalité. Il le sent. Son corps tremble. Chaque fois, il sent la mort s’éloigner de plus en plus de sa réalité.
Planète terre, 26 heures plus tard.
- Qui doit-on prendre ? dit le mercenaire à son chef de groupe. - On s’en fou, n’importe qui, des hommes, des femmes, des mômes. Ce sont tous des insectes de toute façon. Ils attendent depuis une trentaine de minutes devant une grande maison, caché derrière des fourrés, que des humains approchent pour les kidnapper. Dans la maison, deux familles fêtent un anniversaire. L’ambiance est festive et chacun est heureux. - Putain, ça commence à me soûler là ! Les mercenaires s’observent tout en sachant très bien ce que représente ce genre de comportement chez leur chef. La tension monte, il marche en réalisant des cercles. - On y va ! Le groupe se lève et se place en « V » comme lors des opérations militaires afin de couvrir plus de terrain. Ce qui suit est sans nom. Le kidnapping est d’une violence qui ne devrait jamais matérialiser sa fureur dans la vie d’un être humain. Pour récupérer l’âme humain, le processus d’extraction est inimaginable. Le pire film d’horreur de tous les temps n’est rien face à cela. L’humain est immobilisé par n’importe quel moyen – souvent par la mort - afin de permettre au processus de récupérer l’âme avant son départ du corps. Généralement, le processus prend 7 minutes pour terminer le transfert. Ce temps est très court sachant que l’âme quitte le corps pour se rendre vers d’autres plans d’existences en 9 minutes environ. Le protocole doit être réalisé très rapidement et dans l’urgence sous peine de perdre l’âme. - La môme ! tue la môme ! La fillette de 9 ans s’effondre sur le sol après avoir été coupée en deux par la faucille à énergie du mercenaire. Immédiatement, il pose sur son torse « l’infernal », c’est le nom donné à l’extracteur à cause de l’horreur qu’il fait subir à un corps encore en vie. Le processus commence, le corps commence à vibrer assez fortement. Le mercenaire augmente la fréquence vibratoire de l’extracteur pour le positionner à son maximum. Le corps de la fillette se pixellise lentement, le sang est évacué à travers tous les pores de la peau quand soudain, l’âme, belle et brillante, est aspirée lentement par l’infernal. Entre sa sortie du corps et son entrée dans l’infernal, la conscience humaine est complètement attentive à son environnement. Au moment du transfert, la fillette se voit quitter son corps, croise son regard avec celui de son kidnappeur qui lui sourit, puis s’évanouit au contact de l’extracteur. - Vous en êtes ou ? Chacun lève son poing pour signifier la fin de son transfert. En moins de 10 minutes, 4 adultes et 7 enfants viennent de perdre la vie pour l’avidité d’un seul. - On se casse, c’est parti pour rafler la mise ! En quittant la zone, les mercenaires laissent une scène de guerre. Au sol, les corps sont vides, comme s’il avaient été aspirés par quelque chose. Autour de certains, des traces de sang pixélisés jonchent le sol à côté de membres arrachés par la puissante vibration de l’extracteur. Encore une fois, des humains viennent de mourir pour rien.
Planète Véga, à 226 kilomètres sur sol, dans l’espace. 6 ans plus tard.
Un homme observe la planète depuis son vaisseau.
Depuis 5 ans, les terriens maitrisent « l’énergie lumière » qui permet de se déplacer sur de grandes distances dans l’espace en très peu de temps.
Une larme coule sur sa joue droite, la même qui coulait lorsqu’il avait appris la mort de sa nièce de 9 ans le jour de son anniversaire, 6 ans plus tôt.
Il ressent de la rage, une énergie incontrôlable et effrayante.
Sans réfléchir, il pose son index sur le bouton rouge présent au milieu du boitier noir présent à côté de son manche de guidage et l’écrase avec force.
Planète Terre, quelques minutes plus tard.
- Mais qu’est-ce que… Le scientifique se précipite vers son téléphone pour composer le numéro d’urgence. - Allo, dit le responsable de l’observatoire de Paris qui dormait. - Chef ! La planète Véga ! Elle vient d’être détruite ! Il n’y a plus rien ! - Quoi ? Mais c’est impossible ! Dans un excès de rage, dans un besoin de vengeance, un humain vient de tuer des milliards de vies. Depuis son vaisseau, une nouvelle émotion se présente dans son cœur, comme du regret, comme de la peine mélangée à la sensation d’horreur d’avoir tué des milliards de vies pour en venger une seule. Il suffoque, comme lors d’une crise d’angoisse. Malgré ses calculs, l’onde de choc provoquée par l’explosion se répand très vite, jusqu’à frapper de plein fouet son vaisseau qui explose soudainement. En quelques instant, des milliards de vies viennent de s’évaporer dans l’univers à cause de l’envie d’être immortel pour l’un et le besoin de vengeance pour l’autre.
Fin
*Ce texte est une création originale de H.L Noctis protégé par droit d'auteur. Vous pouvez le partager à condition de citer la source et le site.
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